Origine du mythe : rousses associées à la sorcellerie, explications et histoire

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Au fil des siècles, la couleur des cheveux a souvent été une source de fascination et de superstition. Dans le cas des roux, une teinte flamboyante rare, des associations mythiques se sont tissées, en particulier avec la sorcellerie. Cette liaison avec l’occulte trouve ses racines dans l’Europe médiévale, où la différence était parfois perçue comme un signe de malédiction ou de lien avec le surnaturel. Les rousses, en particulier, ont été ciblées par ces croyances, souvent victimes de stigmatisation ou pire, d’accusations de sorcellerie. Ce phénomène reflète une époque où la peur de l’inconnu alimentait des légendes et des mythes persistants jusqu’à nos jours.

Les racines historiques de l’association entre rousses et sorcellerie

Trouvez les origines de la diabolisation des rousses dans la Théorie des humeurs, doctrine médicale antique attribuée à Hippocrate, médecin grec souvent considéré comme le père de la médecine. Cette théorie classait les individus selon leur caractère et leur santé, en fonction de quatre fluides corporels. Le tempérament sanguin, associé à la couleur rouge, pouvait être interprété comme un indicateur de déséquilibre ou d’affliction, plaçant ainsi par extension les rousses sous le sceau de la suspicion.

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Le mot roux, dérivant du latin ‘russus’, a évolué pour désigner non seulement la couleur des cheveux mais aussi une gamme de caractéristiques prêtées, souvent à tort, à ceux qui en sont pourvus. La rareté de cette couleur de cheveux, dans une population majoritairement brune ou blonde, a contribué à forger un mythe entourant les roux, les plaçant en marge des normes sociétales, et par là même les rendant susceptibles d’être accusés de sorcellerie.

Considérez que l’association entre les rousses et la sorcellerie n’est pas un hasard culturel mais le résultat d’une longue histoire de stigmatisation. Des figures telles que Judas, souvent représenté roux, incarnent la trahison et le mal, renforçant ainsi la méfiance envers les personnes avec cette couleur de cheveux. Les rousses deviennent alors des figures idéales pour incarner les sorcières, ces êtres en marge, soupçonnés de pactiser avec des forces obscures.

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Suivez l’évolution de ces croyances à travers l’histoire, et vous découvrirez que la persistance des préjugés associés aux roux s’enracine dans un passé lointain. Des figures littéraires comme Poil de Carotte et Vautrin, ou les représentations animales du renard et du porc, témoignent de la pérennité de ces idées fausses. La couleur rousse a été, et demeure parfois, un signe extérieur facilement exploitable pour alimenter des superstitions et justifier des discriminations.

Symbolisme et représentations des rousses à travers les âges

Plongez dans le tissu du symbolisme, et vous découvrirez que la couleur rousse a été, à travers le temps, imprégnée de sens variés, souvent négatifs. Prenons le renard, cet animal rusé dont la fourrure flamboyante est synonyme de tromperie et de ruse. La couleur de ses poils s’est trouvée associée à la malice des individus roux, leur prêtant des intentions sournoises sans aucune preuve tangible. De même, le porc, souvent vilipendé pour sa saleté présumée, a été relié aux roux, accentuant une réputation d’impureté et d’indignité.

Poursuivez cette exploration et vous rencontrerez Judas, figure biblique tristement célèbre, régulièrement dépeint avec une chevelure de feu, incarnant la trahison ultime. Cette représentation renforce l’amalgame entre la couleur rousse et la duplicité, voire le mal absolu, cristallisant ainsi dans l’imaginaire collectif un lien entre les rousses et des actes répréhensibles. La mémoire collective a, de ce fait, fabriqué un archétype de la femme rousse, souvent associée à des pratiques occultes ou à des pouvoirs surnaturels.

Examinez ces récits, et vous constaterez que le symbolisme des rousses s’est construit en miroir des pensées et des croyances d’une époque. Des figures mythiques aux personnages de folklore, la femme rousse a été tantôt crainte, tantôt vénérée, mais toujours entourée d’une aura de mystère. Cette teinte capillaire, par sa rareté, a suscité à la fois curiosité et méfiance, se frayant un chemin à travers les âges comme un fil conducteur de mythes et de légendes.

La persécution des rousses : de la méfiance à l’accusation de sorcellerie

Revisitez l’histoire, et vous découvrirez que les préjugés associés aux roux ont souvent été le ferment de véritables persécutions. Au Moyen Âge, période sombre de l’ignorance et de la superstition, les femmes rousses étaient régulièrement soupçonnées de pouvoirs magiques, une méfiance ancestrale qui a souvent tourné à l’accusation de sorcellerie. La rareté de la couleur rousse, alliée à une symbolique culturelle chargée de méfiance, a conduit à des actes de violence inexcusables, les rousses devenant des boucs émissaires expiatoires dans des sociétés en proie à la peur de l’inconnu.

La littérature, reflet de l’esprit des époques qu’elle traverse, n’a pas été en reste dans la propagation de ces stéréotypes. Prenez le personnage de Poil de Carotte, incarnation du vilain garnement, ou celui de Vautrin chez Balzac, érigé en figure satanique par ses cheveux de feu et sa nature prétendument diabolique. Ces personnages sont autant de miroirs des préjugés tenaces qui ont longtemps collé à la peau des personnes rousses, enfermant leur existence dans un carcan de représentations négatives et faussées.

C’est ainsi que la couleur rousse a été traînée dans la boue, liée à des attributions infondées de malhonnêteté et de sorcellerie. La théorie des humeurs, attribuée à Hippocrate, avec ses classifications basées sur des fluides corporels dictant le caractère et la santé, n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu de ces croyances irrationnelles. Des siècles durant, l’origine du mot ‘roux’, dérivant du latin ‘russus’, a pesé d’un poids lourd de préjugés et d’associations malheureuses, façonnant dans la pierre des mythes à l’épreuve du temps.

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Le mythe de la sorcière rousse dans la culture contemporaine

La culture contemporaine n’échappe pas à la persistance du mythe de la sorcière rousse, mais sa réappropriation s’opère dans des formes renouvelées, oscillant entre stigmatisation et célébration. La réflexion critique s’est enrichie, notamment avec des œuvres telles que ‘Réflexions sur la question rousse’ de Valérie André, qui déconstruisent les stéréotypes et invitent à une reconsidération des attributs historiquement négatifs liés aux cheveux roux. Ces derniers, jadis marqués du sceau de la sorcellerie et de la pratique magique, sont désormais le symbole d’une différence célébrée, notamment à travers des initiatives comme la ‘Journée mondiale des baisers aux roux’ ou le ‘Kiss a ginger day’.

Ces événements, loin de se cantonner à une reconnaissance superficielle, tentent de réhabiliter une image longtemps écornée par des siècles de méfiance et de persécution. Le ‘Kiss a ginger day’, par exemple, encourage non seulement la célébration mais aussi l’acceptation et la valorisation des personnes rousses. Ces manifestations représentent une forme de compensation symbolique, une tentative de guérir les blessures d’une discrimination ancrée dans le temps par des gestes affectueux et inclusifs.

Toutefois, le chemin vers une acceptation pleine et entière de la diversité capillaire est semé d’embûches. Les représentations culturelles actuelles oscillent encore entre fascination et rémanence de vieux mythes, bien que l’on constate une tendance à une meilleure compréhension et reconnaissance de l’unicité des rousses. La couleur rousse, autrefois maudite, se pare à présent d’une aura de mystère attractif, tout en se délestant progressivement des lourdes chaînes de la superstition. La lutte contre les préjugés persiste, rappelant que chaque mèche de cheveux roux porte en elle l’écho d’une histoire complexe, faite de lumière et d’obscurité.